Présentation du Castor d'Europe



La répartition du castor en France
 
Du 17ème à la fin du 19ème siècle, le castor a disparu de nombreuses régions de France (bassins de la Loire, de la Seine, du Rhin...) du fait de sa destruction directe par l'homme, en partie pour sa fourrure et sa chair. Il ne subsistait plus que dans la basse vallée du Rhône. Au début du 20ème siècle, la population de castor du Rhône était estimée à quelques dizaines d'individus. Afin d'éviter sa disparition, le castor fut protégé dès 1909. On peut estimer aujourd'hui que l'ensemble des effectifs devrait être compris entre 8 000 et 10 000 individus. L'espèce continue encore à étendre son aire de répartition notamment sur le bassin de la Loire et dans une moindre mesure en Alsace. Des perspectives de colonisation existent encore sur les bassins de la Saône et du Doubs.

Eléments de biologie, physiologie, éthologie et phénologie

 Le castor est un rongeur au pelage brun foncé à gris noir. C’est le plus grand rongeur européen.

* Biologie :
- Orteils des pattes extérieures palmés. - Deux griffes fendues sur le 2ème orteil : cela lui sert à lisser son pelage répartissant ainsi une substance huileuse sur les poils de son corps. - Queue plate recouverte d’écailles, il s’en sert de gouvernail quand il nage. - Un repli de peau à l’intérieur de la gueule pour pouvoir mangé sous l’eau. - Longévité : 7 à 8 ans en moyenne - Des incisives revêtue d’émaille orange avec lequel il est capable de couper des arbres adultes. - Possède un orifice unique pour excrétion et la reproduction.

* Physiologie :
- Conduits auditifs et narines obstrués systématiquement par des valvules lorsque l’animal est en plongée. - La queue sert de dépôt de stockage de graisse. - Il a un rythme métabolique normal mais est assez léthargique. - Il craint le gel. - Plus il fait chaux plus le Castor d’Europe est gros. - La fourrure comporte des poils courts pour l’isolation thermique et des poils longs pour retenir l’air ce qui facilite le glissement de l’eau.

* Ethologie :
- Herbivore stricte - Pour réguler sa température corporelle, il trempe sa queue dans l’eau pour se rafraîchir. - Se sert de la rivière pour effectuer de grandes distances (en nageant). - Ne digère que 30% de la cellulose, c’est peu. - Il est caecotrophe (il mange ses crottes pour en tirer tous les bons éléments). - Se nourrit d’acide salicylique (contenue dans le Saule) - N’hiberne pas. - Principalement nocturne tout comme son cousin canadien. - Minimise ses dépenses énergétiques lorsque l’eau est gelée en restant près de son terrier. - L’essentiel de sa nourriture se situe dans un rayon de 20m autour du terrier dont l’entrée est immergée. - Espèce territoriale. - Animal sociable qui vit le plus souvent en groupes familiaux formés de deux adultes, de jeunes de plus d’un an et des jeunes de l’année. - Le domaine vital d’un groupe familial s’étend de 1 à 3 km de cours d’eau et reconnaissables par de nombreux indices (coupe d’arbres et arbustes, dépôts de castoreum, coulées,…).

* Phénologie :
La maturité sexuelle est atteinte à 2 ans pour la femelle et à 3 ans pour le mâle. Le rut a lieu de janvier à mars. L’accouplement a lieu dans l’eau. La durée moyenne de la gestation est de 107 jours, avec une seule portée par an. Les naissances ont lieu entre le 15 mai et le 15 juin, jusqu’à 5 jeunes par portée, en moyenne moins de 2. Les jeunes, nidicoles, naissent les yeux ouverts et couverts d’un fin duvet. Le sevrage à lieu vers 6-8 semaines, l’émancipation au cours de leur deuxième hiver.

- Statuts juridique

Directive Habitats (JOCE du 22 juillet 1992) : annexes II et IV, Convention de Berne (JO du 28 août 1990 et 20 août 1993) : annexe III, Protection nationale de l’espèce (arrêté du 23 avril 2007 publié le 10 mai 2007) et protection des milieux (Art.L.211.1 du code rural et forestier).

* Conservation

Ménager des "corridors verts" le long des cours d'eau en milieu urbain avec plantations de Salicacées et gîtes artificiels.
Aménager et protéger les passages busés où les écrasements sont régulièrement constatés.
Adapter les luttes collectives par toxines contre les rongeurs nuisibles sur les sites à castor en éloignant les appâts à plus de 20 m de l'eau, ou choisir des méthodes de capture sélectives (cage-piège)
Suivre l'évolution des dégâts et conseiller des protections adaptées aux plaignants (missions du réseau "Castor" de l'O.N.C.F.S.), trouver localement des moyens financiers d'aide à la protection.

Mesures réglementaires en France

Les espaces protégés n’abritent qu’une faible proportion des populations de castors français. L’espèce est présente ponctuellement dans le Parc national des Cévennes, dans quelques réserves naturelles telles les gorges de l’Ardèche (07), les ramières du Val de Drôme (26), la Platière (07, 38) et Brégnier-Cordon (01, 38). La loi du 3 janvier 1992 dite "Loi sur l’eau", en instaurant progressivement les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (S.D.A.G.E.) doit assurer une meilleure protection et gestion de l’écosystème fluvial, donc de l’habitat du Castor.

Etat des connaissances sur l’espèce

* GEML (Groupe d’Etude Mammologique de Lorraine):
Le Castor européen fréquente à nouveau la Lorraine depuis la réintroduction de 15 individus d’origine rhodanienne sur la Moselle en 1983 et 1984. Le Groupe d’Étude des Mammifères de Lorraine (GEML) assure le suivi de cette population. Les données recueillies ont permis la présente synthèse qui a pour but d’analyser et d’illustrer sa progression géographique et numérique. Parallèlement, elle montre l’évolution de l’effort de prospection des bénévoles de l’association. Les cartes illustrent cette progression de l’espèce qui est désormais présente dans la plupart des cours d’eau du bassin de la Moselle. A l’heure actuelle, 600 à 700 castors fréquentent environ 200 sites, le taux d’accroissement annuel étant estimé à 18,5%.

* ONCFS :
Du XVIIe à la fin du XIXe siècle, le castor a disparu de nombreuses régions de France (Bassins de la Loire, de la Seine, du Rhin, etc.) du fait de sa destruction directe par l’homme (chair, fourrure, primes de destruction versées par des syndicats de digue...). De fait, l’espèce ne subsistait plus que dans la basse vallée du Rhône.
Au début du XXe siècle, la population de castors du Rhône était estimée à quelques dizaines d’individus, uniquement localisés dans la basse vallée. Afin d’éviter sa disparition, le castor fut protégé dès 1909 dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Vaucluse. Une lente recolonisation du bassin rhodanien s’opéra d’aval vers l’amont puisque vers 1960, il était présent au sud de Lyon.
Depuis plus de 40 ans, 25 opérations de réintroduction ou de renforcement se sont succédé dans 15 départements différents avec un total d’environ 270 castors relâchés en provenance exclusive de la vallée du Rhône. Ces projets ont permis un retour de l’espèce sur de nombreux bassins où l’espèce avait disparu.
En 1965, B. RICHARD estimait que la population française de castors était comprise entre 3 000 et 5 000 individus et à environ 5 000 individus en 1986.
On peut estimer aujourd’hui que l’ensemble des effectifs devrait être compris entre 10 000 et 12 000 individus.
Un travail récent, mené par le réseau de spécialistes Castor à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, a mis en évidence que 10 500 km de cours d’eau étaient occupés en permanence par le castor en France en 2009 pour 17 600 km de cours d’eau prospectés (ONCFS, non publié).
L’espèce continue encore à étendre son aire de répartition notamment sur le bassin de la Loire et dans les régions du Nord-est (bassin de la Meuse, bassin de la Moselle, notamment). Des perspectives importantes de colonisation existent aussi sur le bassin Saône/Doubs.
L’inventaire de la faune menacée en France (1994) mentionne le Castor comme "espèce à surveiller». La France a une responsabilité patrimoniale puisqu’elle est avec l’Allemagne (Elbe), le seul pays d’Europe de l’Ouest à avoir conservé sa population naturelle de castors.

* SICALA (Syndicat Intercommunal d’Aménagement de la Loire et de ses Affluents) :
Depuis la réintroduction d’une trentaine d’individus entre 1974 et 1976 sur le cours moyen de la Loire aux alentours de Blois, la population de castors s’est fortement développé sur l’axe Loire et colonise, au gré de nouvelles réintroductions pour conforter l’effectif, une bonne partie du linéaire et certains affluents comme l’Allier.
Sur le cours amont de la Loire, le Castor est présent aux portes de Saint-Etienne ; notamment sur le site de l’écopole du Forez et il atteint actuellement sa limite amont au Barrage de Grangent à Chambles dans le département de la Loire. Le castor est présent ponctuellement en amont de cette dernière zone sur le Lignon du Velay en Haute-Loire, ce qui présente une particularité singulière puisque cette population est complètement isolée du reste de la population ligérienne.

* LPO (Ligue de Protection de Oiseaux) PACA :
La LPO PACA met en place des formations de terrain et des prospections spécifiques dans des zones géographiques stratégiques pour le suivi de la recolonisation. Des partenariats avec les structures impliquées sont développés pour optimiser un suivi coordonné de l'espèce en PACA.

* GMB (Groupe Mammologique Breton) :
Avec la création du Parc Naturel Régional d'Armorique (PNRA) en 1969, 10 castors originaires du Rhône furent relâchés de 1968 à 1971 sur le cours moyen de l'Elez. Depuis, cette population s'est développée pour atteindre une cinquantaine d'individus.
Après quelques études cartographiques menées par la SEPNB (Société Pour l'Etude et la Protection de la Nature en Bretagne) et le GMB, nous avons mis en place un Groupe de travail en 1996, associant le GMB, Bretagne Vivante-SEPNB, l'ONCFS, le PNRA et le Conseil Général du Finistère. Le but de ce groupe est, à partir d'une réactualisation du statut de la population de Castors, de fournir un outil d'aide à la décision et la gestion à destination des pouvoirs publics.

1 commentaire:

  1. Si je me promène avec un bâton, qui dois-je avertir si un loup tient un castor vivant dans sa gueule?

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